RESPECTER LES RATIOS, CLARIFIER LES RISQUES … ET EXPLIQUER LE BETA

Jean Marc Fourré • 26 février 2016
Une composition administrative récente de l’AMF attire notre attention sur divers points relatifs au respect des ratios réglementaires et statutaires des fonds, bien sûr, mais aussi au respect du profil de risque des fonds et des mandats et à l’information donnée au client.

1) Sur le premier point, le texte de la composition administrative donne peu de détails, mais l’enseignement paraît clair, et il est bien connu.

Enseignement n°1 : une SGP doit s’assurer, en permanence, du strict respect des ratios d’investissement des fonds qu’elle gère, ici : le ratio d’engagement (100 % de l’actif net du fonds) et l’exposition brute actions (y.c. l’exposition aux futures sur indices). L’AMF semble par ailleurs avoir noté ‘‘la régularisation rapide des cas [en nombre limité] de dépassements [des ratios] d’engagement’’.

2) Le deuxième point (respect du profil de risque des fonds et des mandats) est plus délicat à apprécier, en l’absence de détails.

Il concerne d’abord l’exposition des porteurs du fonds à un risque qui ne figurait pas au prospectus, ici : le risque de baisse de la valeur du fonds en cas de hausse des marchés actions (la SGP a utilisé des futures sur indices, en position vendeuse, qui ont exposé le fonds à la baisse des marchés actions).

Enseignement n°2 : le prospectus doit donc couvrir, avec suffisamment de détail, toutes les stratégies envisagées par le gérant, sur tous les instruments financiers susceptibles d’être utilisés, à la hausse comme à la baisse des marchés / des actifs sous-jacents.

Il concerne aussi l’exposition des clients en gestion sous mandat, sur le même thème : l’exposition à un risque (la hausse des marchés actions, via la détention de parts du même fonds exposé à la baisse via une position vendeuse de futures) non prévu dans le mandat.

Enseignement n°3 : le mandat doit prévoir et indiquer, non seulement une exposition éventuelle aux fonds gérés par la SGP, mais doit aussi en expliquer les conséquences (ici : une exposition éventuellement contre-intuitive aux variations du marché actions). On peut imaginer, au minimum, une mention telle que ‘‘le mandat pourra être exposé à la baisse des marchés, au travers d’un investissement dans les parts du fonds XXX, pouvant lui-même être exposé à la baisse du marché des actions, via des positions vendeuses sur futures sur indices boursiers YYY et ZZZ’’.

3) Ceci nous amène au troisième point, le plus problématique.

L’AMF note, nous l’avons vu, que l’exposition à la baisse des marchés n’était mentionnée ni dans le prospectus des fonds ni dans les mandats de gestion. Mais elle note aussi ‘‘que la couverture apportée par ces contrats […] n’était que partielle’’.

Arrive aussi la remarque sur le beta, assez sibylline : ‘‘Enfin, du fait de la référence à la notion de beta affichée, sans aucune explication, dans les comptes-rendus périodiques, seul un investisseur averti pouvait comprendre que la stratégie mise en œuvre consistait à s’exposer à la baisse sur le marché actions’’.

Sans plus de précision, il est difficile de savoir quels sont les points précisément visés ici :

Défaut de la couverture d’un risque de marché particulier (des actions sectorielles) par l’utilisation de futures sur indice global ? Ici, il ne semble pas que les futures étaient utilisés en couverture, ou alors pour des montants de couverture (très) mal calculés, pour avoir généré une perte significative pour le fonds.
Utilisation du terme beta dans les rapports de gestion, sans référence à la position sur futures et à l’utilité de celle-ci dans le portefeuille global ?
Absence d’explication de la signification de ce terme ?
Tentons un Enseignement n°4 : dans les comptes-rendu de gestion sous mandat et dans les rapports de gestion des fonds :

Expliquer avec un maximum de clarté, sans longueurs excessives toutefois, le détail des stratégies utilisées, le rôle des positions futures, les risques nets pris et préciser ces risques selon le sens d’évolution des marchés …
Expliquer (éventuellement par une note de bas de page) les termes techniques utilisés (ici : le beta)
Clarifier le contexte de ces opérations, surtout s’il est explicatif et permet une mise en perspective : la mise en place de positions de couverture / directionnelles … a eu pour objectif … de profiter / bénéficier / protéger le portefeuille … des … mouvements à la baisse / à la hausse … des marchés de … etc.
En résumé, comment souvent souligné sur ce blog, faire œuvre de pédagogie, clarté et précision.

Pour en savoir plus :

16/02/2016 : Accord de composition administrative TRA-2016-02
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Depuis le jeudi 27 février, l'outil O2S d'HARVEST est bloqué suite à une cyberattaque. L'information est officielle depuis le vendredi 28 février. A ce jour , lundi 3 mars, l'outil n'est pas rétabli. A ce jour, aucun élément n'indique qu'il y a eu fuite de données. CONSTATS & ANALYSES Suite à la cyberattaque d’HARVEST, il y a des obligations CNIL à faire en tant que vous Responsable des Traitements et HARVEST sous-traitant. D'autant qu'O2S contient une quantité astronomique de Données à Caractère Personnel sur les clients : adresse, mail, téléphone, RIB, patrimoine, CNI, peut-être données médicales...bref, c'est énorme. Donc il y a effectivement des choses à faire. Voici le lien vers la CNIL qui traite des violations de données personnelles : https://www.cnil.fr/fr/notifier-une-violation-de-donnees-personnelles En effet notre analyse est: qu’il y a eu une violation de données du fait d’un cas cité : perte de disponibilité , d’intégrité ou de confidentialité de données personnelles, de manière accidentelle ou illicite) En revanche on ne sait pas encore s’il y a eu fuite de données, LE DISPOSITIF d'HARVEST Voici les informations reçues par un CGP, en juillet 2024, sur le dispositif HARVEST : plutôt sérieux. "Sécurité physique : Les serveurs sont hébergés dans un Datacenter Interxion dans l’UE. Le Datacenter a de nombreuses certifications : ISO 14001:2004, ISO 27001 & ISO 22301, ISO 50001:2011, OHSAS 18001, ITIL V3 ,PCI-DSS, HDS (Hébergeur Données Santé). Les infrastructures sont monitorées 24h/24 et 7h/7. Les baies hébergeant les systèmes sont fermées à clé, seul le personnel habilité a accès aux baies : Notre sous-traitant (Waycom) pour la mise à disposition et la supervision des infrastructures d’hébergement travaillant pour le compte d’Harvest (hors baies privées dédiées dont l’accès est géré uniquement par Harvest) Les membres habilités de la DSI Harvest. Les grappes de disques ainsi que les alimentations sont redondées (ainsi que tous les éléments critiques physiques du Datacenter : réseaux internet, réseaux électriques, etc…). Sécurité logique : Les données de production sont accessibles uniquement par un nombre de personnes restreint, défini en accord avec le comité des risques d’Harvest. En aucun cas nos sous-traitants ont accès aux données applicatives. L’accès est basé sur une authentification : compte / mot de passe. Les droits et habilitations sont donnés selon le profil de l’utilisateur. Les flux sont chiffrés (HTTPS). Les données des applications répliquées en continue sur un serveur de secours local et sauvegardées sur un serveur de sauvegarde distant. Les opérations effectuées sur les serveurs sont journalisées. Les serveurs sont mis à jour régulièrement et possèdent un antivirus à jour. Des tests de vulnérabilité sont effectués périodiquement et donnent lieu, si nécessaire, à des plans de remédiation. Réglementaire : Dans le cadre de la réglementation européenne RGPD, un registre des traitements a été créé, il est maintenu par le DPO (Data Protection Officer) d’Harvest. Plan de continuité (PUPA), dans ce cadre Harvest : Dispose d’une procédure de gestion et d’escalade des incidents. A mis en place un comité des risques et est accompagné par un cabinet d’audit externe Activation de la cellule de crise en cas de problème majeurRéalise des évolutions régulières sur l’infrastructure matérielle et logicielle de ses environnements pour améliorer en permanence les performances et la sécurité " QUE FAUT IL FAIRE en interne ? La violation de données et la cyberattaque ne concernent pas VOS systèmes mais ceux d'un sous-traitant. Donc pas de panique. Quand on lit les instructions CNIL, dans cette configuration, il faut documenter la violation de données en interne. QUE FAUT IL FAIRE vis à vis de la CNIL? Là l'instruction est claire : il faut notifier l’incident à la CNIL dans les 72 heures (donc aujourd'hui pour ceux qui ne l'ont pas faite). Pour ce faire, la CNIL vous accompagne : compléter le document préparatoire (aide au remplissage) : https://www.cnil.fr/sites/cnil/files/2023-07/trame_des_notifications_de_violations_de_donnees_0.odt puis faite la notification en ligne : https://notifications.cnil.fr/notifications/ QUE FAUT IL FAIRE vis à vis de vos clients ? Ne faites rien pour le moment ! Il faut prévenir les clients si la fuite de données est avérée. En effet, la CNIL précise : en cas de doute sur l’incidence de la fuite de données personnelles concernant la vie privée des personnes concernées (c’est le cas à ce jour car nous ne savons pas s’il y a eu fuite ou non de données), notifiez à la CNIL qui vous indiquera s’il est nécessaire d’informer les personnes. Voilà Croisons les doigts pour que vous puissiez rapidement travailler et que les données des clients ne fuitent pas.!
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