Où l'on reparle du contrôle des fonds propres réglementaires

Jean-Marc Fourré • 12 février 2022

Le contrôle des fonds propres réglementaires ("FPR") fait l'objet de longs développements (92 sections sur les 184 que compte le texte de la sanction) dans une des dernières sanctions AMF de 2021

Note : nous aborderons l'autre thème important de la sanction (les conflits d'intérêts) dans un deuxième temps.


Le contexte


Le contexte est celui d'une société de gestion de portefeuille (SGP) soumise à AIFM, dont le processus d'établissement et de validation des états financiers a connu des vicissitudes durant plusieurs exercices à la suite, ceux-ci étant par ailleurs déficitaires. Nonobstant le respect du seuil minimum de FPR par la société sur toute la période (§26), l'AMF s'est intéressée :

  • Aux procédures et processus d'établissement des comptes de la SGP : nous ne reviendrons pas sur ce sujet, qui appelle peu de remarques au plan de la conformité ;
  • Aux procédures et processus de calcul, suivi, contrôle et placement des fonds propres réglementaires (FPR).


Des procédures "opérationnelles"


Le sujet du caractère "opérationnel" des procédures est récurrent dans la démarche de contrôle de l'AMF. Sur le thème des fonds propres réglementaires, une procédure "opérationnelle" indique, au minimum :

  • La fréquence du calcul du respect de l'exigence en FPR : pour rappel : respect "à tout moment", au minimum : trimestriel
  • Les postes comptables identifiés et, en particulier, ceux faisant l'objet d'un retraitement : idéalement, une "passerelle" entre les états comptables et le fichier de calcul (§ 13),
  • Les méthodologies de calcul : dans le cas des actifs sous gestion, de la prise en compte de charges non récurrentes, des éléments de rémunération pleinement discrétionnaires, des actifs incorporels etc. (§ 34)
  • Les cas où un calcul ad hoc doit être mené, par exemple : opération "haut de bilan", distribution, acquisition … ; modification significative du profil de risque de la SGP ; variations significatives des revenus ou des charges etc.
  • Les modalités de contrôle de deuxième et de troisième niveau : qui (le RCCI, la Direction générale, une instance de surveillance, un prestataire …) contrôle quoi (un fichier, ses sources d'information comptable et de gestion …), quand (périodicité), comment (rapprochement visuel, analyse par sondage, mise en œuvre d'une démarche contradictoire …) etc. (§ 36)
  • La formalisation de l'ensemble, à tous les niveaux : calcul, suivi, contrôle.


Un fichier de calcul ne suffit pas


Attention, si un fichier de calcul démontre bien que la société a procédé à des calculs, cet élément est insuffisant pour établir "la réalité d'un suivi régulier et systématique" des FPR (§ 29).


Attention au calcul des fonds propres "supplémentaires" (AIFM)


Souvent pris comme un chiffre donné et immuable, le 0.01 % de la valeur des portefeuilles gérés servant au calcul des fonds propres supplémentaires exigés au titre de l'AIFM … ne l'est pas. Pour rappel, il s'agit d'un minimum, qui doit tenir compte des risques effectivement supportés par la SGP, tels qu'estimés au terme d'une analyse spécifique (à documenter) (§ 36).


En cas de retard dans l'établissement des comptes …


Le relevé de sanction est clair : un retard éventuel dans l'établissement des comptes, ou dans leur certification, n'exonère pas la SGP de ses responsabilités. Pour rappel, la SGP doit pouvoir justifier "à tout moment" d'un niveau de fonds propres "au moins égal à un certain montant qu'elles déterminent" (§ 56). Reste donc à calculer ce montant minimum, de la manière la plus pertinente qui soit, compte tenu des éléments financiers et comptables disponibles, et de vérifier le respect de ce minimum (§ 55 & 56)


Préciser les contrôles de deuxième et de troisième niveau


Non fondé aux yeux de la Commission, le grief relatif à l'insuffisance des contrôles apporte tout de même deux précisions importantes (§ 97) :

  • D'une part, "des calculs d'impact, simulations, travaux et autres études ad hoc sur les FPR" ne sont que des "diligences opérationnelles" et ne peuvent être assimilés à un contrôle de deuxième niveau …
  • Lequel contrôle (de deuxième niveau) requiert une intervention régulière par la personne qui en a la charge.

Au plan de la procédure, celle-ci doit donc explicitement prévoir un responsable ayant, outre la compétence nécessaire pour ce contrôle, la disponibilité suffisante pour l'assurer régulièrement, et, nous ajouterons, à tout moment si nécessaire.


Pour en savoir plus : nous contacter.

Lire le texte de la sanction. : AMF - SAN 2021 - 18

Voir aussi le contrôle SPOT de novembre 2018 : "Fonds propres réglementaires"

SPOT AMF - NOV 2018 - Fonds propres réglementaires


Crédit photo : Ill. J. Albers, Variant, Adobe, façade bleue, détail (1957) in "L'Art et la vie", A. & J. Albers, Musée d'Art Moderne (2021)


par Vincent Boisseau 3 mars 2025
Depuis le jeudi 27 février, l'outil O2S d'HARVEST est bloqué suite à une cyberattaque. L'information est officielle depuis le vendredi 28 février. A ce jour , lundi 3 mars, l'outil n'est pas rétabli. A ce jour, aucun élément n'indique qu'il y a eu fuite de données. CONSTATS & ANALYSES Suite à la cyberattaque d’HARVEST, il y a des obligations CNIL à faire en tant que vous Responsable des Traitements et HARVEST sous-traitant. D'autant qu'O2S contient une quantité astronomique de Données à Caractère Personnel sur les clients : adresse, mail, téléphone, RIB, patrimoine, CNI, peut-être données médicales...bref, c'est énorme. Donc il y a effectivement des choses à faire. Voici le lien vers la CNIL qui traite des violations de données personnelles : https://www.cnil.fr/fr/notifier-une-violation-de-donnees-personnelles En effet notre analyse est: qu’il y a eu une violation de données du fait d’un cas cité : perte de disponibilité , d’intégrité ou de confidentialité de données personnelles, de manière accidentelle ou illicite) En revanche on ne sait pas encore s’il y a eu fuite de données, LE DISPOSITIF d'HARVEST Voici les informations reçues par un CGP, en juillet 2024, sur le dispositif HARVEST : plutôt sérieux. "Sécurité physique : Les serveurs sont hébergés dans un Datacenter Interxion dans l’UE. Le Datacenter a de nombreuses certifications : ISO 14001:2004, ISO 27001 & ISO 22301, ISO 50001:2011, OHSAS 18001, ITIL V3 ,PCI-DSS, HDS (Hébergeur Données Santé). Les infrastructures sont monitorées 24h/24 et 7h/7. Les baies hébergeant les systèmes sont fermées à clé, seul le personnel habilité a accès aux baies : Notre sous-traitant (Waycom) pour la mise à disposition et la supervision des infrastructures d’hébergement travaillant pour le compte d’Harvest (hors baies privées dédiées dont l’accès est géré uniquement par Harvest) Les membres habilités de la DSI Harvest. Les grappes de disques ainsi que les alimentations sont redondées (ainsi que tous les éléments critiques physiques du Datacenter : réseaux internet, réseaux électriques, etc…). Sécurité logique : Les données de production sont accessibles uniquement par un nombre de personnes restreint, défini en accord avec le comité des risques d’Harvest. En aucun cas nos sous-traitants ont accès aux données applicatives. L’accès est basé sur une authentification : compte / mot de passe. Les droits et habilitations sont donnés selon le profil de l’utilisateur. Les flux sont chiffrés (HTTPS). Les données des applications répliquées en continue sur un serveur de secours local et sauvegardées sur un serveur de sauvegarde distant. Les opérations effectuées sur les serveurs sont journalisées. Les serveurs sont mis à jour régulièrement et possèdent un antivirus à jour. Des tests de vulnérabilité sont effectués périodiquement et donnent lieu, si nécessaire, à des plans de remédiation. Réglementaire : Dans le cadre de la réglementation européenne RGPD, un registre des traitements a été créé, il est maintenu par le DPO (Data Protection Officer) d’Harvest. Plan de continuité (PUPA), dans ce cadre Harvest : Dispose d’une procédure de gestion et d’escalade des incidents. A mis en place un comité des risques et est accompagné par un cabinet d’audit externe Activation de la cellule de crise en cas de problème majeurRéalise des évolutions régulières sur l’infrastructure matérielle et logicielle de ses environnements pour améliorer en permanence les performances et la sécurité " QUE FAUT IL FAIRE en interne ? La violation de données et la cyberattaque ne concernent pas VOS systèmes mais ceux d'un sous-traitant. Donc pas de panique. Quand on lit les instructions CNIL, dans cette configuration, il faut documenter la violation de données en interne. QUE FAUT IL FAIRE vis à vis de la CNIL? Là l'instruction est claire : il faut notifier l’incident à la CNIL dans les 72 heures (donc aujourd'hui pour ceux qui ne l'ont pas faite). Pour ce faire, la CNIL vous accompagne : compléter le document préparatoire (aide au remplissage) : https://www.cnil.fr/sites/cnil/files/2023-07/trame_des_notifications_de_violations_de_donnees_0.odt puis faite la notification en ligne : https://notifications.cnil.fr/notifications/ QUE FAUT IL FAIRE vis à vis de vos clients ? Ne faites rien pour le moment ! Il faut prévenir les clients si la fuite de données est avérée. En effet, la CNIL précise : en cas de doute sur l’incidence de la fuite de données personnelles concernant la vie privée des personnes concernées (c’est le cas à ce jour car nous ne savons pas s’il y a eu fuite ou non de données), notifiez à la CNIL qui vous indiquera s’il est nécessaire d’informer les personnes. Voilà Croisons les doigts pour que vous puissiez rapidement travailler et que les données des clients ne fuitent pas.!
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