Le règlement SFDR pour les IAS … le début d’une longue marche

Jean-Marc Fourré • 16 avril 2021

Le règlement SFDR publié le mois dernier impacte en premier lieu les sociétés de gestion pour leurs activités de gestion collective et de gestion sous mandat (nous y reviendrons).


Mais SFDR a aussi un impact du côté des intermédiaires en assurance (‘‘IAS’’) et étrangement pas du côté des conseillers en investissement financier (les ‘‘CIF’’).


Premier éclairage sur SFDR pour les IAS, pour se ‘‘mettre en jambe’’.


SFDR, qu’est-ce c’est ?

En quelques mots, et en simplifiant à l’extrême, le nouveau règlement SFDR – Sustainable Finance Disclosures Regulation (ou : ‘‘Règlement sur la publication d’informations en matière de durabilité [des investissements] …’’ - vise d’abord à mieux intégrer les préoccupations ‘‘ESG’’ – Environnement, Social, Gouvernance, étendues à un concept plus global de ‘‘risques de durabilité’’, dans les processus d’investissement des acteurs de la finance, en particulier les sociétés de gestion d’actifs.


Second objectif, mettre de la transparence dans le fonctionnement global de ces acteurs sur ces sujets, par exemple en catégorisant les fonds selon ‘‘l’intensité’’ de la prise en compte de ces facteurs de ‘‘durabilité’’.


En termes plus concrets, SFDR a conduit par exemple les sociétés de gestion à classer leurs fonds dans trois catégories différentes, que faute de mieux les spécialistes vont appeler : fonds ‘‘Article 8’’, fonds ‘‘Article 9’’ ou fonds ‘‘Article 6’’, en référence aux articles du règlement SFDR.


Et les IAS dans tout cela ?


SFDR ne les a pas oubliés !

Selon SFDR, les IAS doivent maintenant prendre en compte les risques de durabilité dans leurs processus de conseil en investissement. Plus précisément (si l’on ose dire), il s’agira d’intégrer le risque de durabilité dans les propositions de conseil en assurance (pour les IAS).

Mais attention, uniquement les IAS ayant plus de 3 personnes !

Assez bizarrement, le règlement européen dans sa terminologie "conseiller financier" exclut les CIF (position confirmée par l'Autorité des Marchés Financiers); une coquille ? peut-être.


Fonds Article 6, Article 8, Article 9 …

Revenons à du concret : la catégorisation des fonds selon les articles du SFDR. En simplifiant là aussi à l’extrême, disons que :

-       Les fonds ‘‘Article 9’’ : c’est le top du top, la Champions League du risque de durabilité. Les fonds ‘‘Article 9’’ ont une ambition centrale de procéder à des investissements durables, et mettent en œuvre des processus d’investissement normés (labellisés) leur permettant d’atteindre des objectifs quantifiés.

-       Les fonds ‘‘Article 8’’, c’est pas mal, mais un peu en-dessous, disons : niveau première division. Les fonds promeuvent des caractéristiques ESG significatives : exclusions sectorielles, filtrages positifs, engagements de faire, de ne pas faire, de s’améliorer etc. Ils peuvent aussi être labellisés, ou en cours de l’être. Les ‘‘obligations de moyens’’ sont là, mais les engagements ne sont pas quantifiés, les obligations de résultat moindres.

-       Les fonds ‘‘Article 6’’ sont tous les autres fonds, de la Ligue 2 aux championnats amateurs (enfin presque). A ce stade de la réglementation, ces fonds prennent en compte les risques de durabilité / critères ESG dans leurs processus d’investissement, ils peuvent d’ailleurs disposer de méthodologies assez avancées et se fixer des contraintes fortes. Il reste néanmoins des marges de progression, en matière de moyens mis en œuvre, de formalisme, de labellisation … et d’objectifs à atteindre, par exemple.


Bréviaire pour les IAS


A ce stade de la mise en œuvre de SFDR, voici nos propositions d’actions concrètes pour les IAS. Il s’agit bien sûr des ‘‘premiers pas’’ en la matière, à affiner et préciser par la suite. Mais autant se préparer dès maintenant.

1 – Comprendre la réglementation SFDR et ce qu’elle va entraîner

Notre première proposition est de s’informer sur le règlement SFDR … la littérature de vulgarisation est chaque jour plus abondante. Les sociétés de gestion en particulier en toutes mis en ligne des encarts SFDR sur leur site internet, pour présenter leurs approches et leur cheminement futur en la matière.

Les approches ‘‘Durabilité’’ vont sûrement transformer les processus d’investissement mis en œuvre par les sociétés de gestion, mais nous pouvons aussi parier que les pièges de compréhension seront nombreux et difficiles à détecter.

2 – S’informer sur la catégorisation des fonds

Les sociétés de gestion ont toutes catégorisé leurs fonds selon les fameux ‘‘Articles’’ 6, 8 et 9. A ce stade, il peut être utile de récupérer ces tableaux, voire les prospectus / règlements des fonds, qui ont été mis à jour, même si de manière succincte dans certains cas …

Chacun se fera ensuite son idée.

3 – Recueillir le profil de ‘‘Durabilité’’ de ses clients

Dans le cadre de la connaissance client, il deviendra rapidement nécessaire de s’informer des attentes, objectifs ou tout au moins de la sensibilité de ses clients en matière de ‘‘durabilité’’. Il pourra être fait appel à des questionnaires simples, accessibles et évitant le plus possible le jargon foisonnant du monde ESG / ISR, avec le triple objectif de :

-       Faire découvrir ces sujets, en préciser les enjeux et les conséquences sur le conseil … au client investisseur

-       Identifier le profil ‘‘Durabilité’’ de l’investisseur, en vue de l’adéquation

-       Alerter sur la conséquence de ses choix, en matière d’équilibre risque / rendement ou de performance par exemple (ce qui ne sera pas une mince affaire)

4 – Mettre en œuvre et documenter l’adéquation

Le sujet de la ‘‘durabilité’’ viendra enrichir la démarche d’adéquation du produit au client. Comme pour les autres sujets (profil de risque, horizon d’investissement, sensibilité à une perte en capital …), il faudra formaliser l’adéquation des produits conseillés aux besoins et aux attentes des clients.

Dans un premier temps, les catégorisations proposées par les sociétés de gestion pourront être utilisées principalement, mais l’approche pourra (devra ?) être raffinée par la suite, au fur et à mesure de la maîtrise de ces sujets tant par le conseiller que par son client.

5 – Informer ses clients

Enfin, l'IAS doit lui-même présenter sa démarche en matière de prise en compte de la ‘‘durabilité’’, par exemple sur son site internet et / ou son document d’entrée en relation. Nous reviendrons sur ce sujet important de l’information précontractuelle du conseiller à son client, car il existe un seuil de prise en compte (lié à la taille de l’entité), qui influe sur les obligations de communication (sur les risques de durabilité), mais non sur celles de prise en compte / d’intégration (de ces mêmes risques).


A suivre donc …


Pour en savoir plus : nous contacter.


et la page de l'AMF (orientée société de gestion de portefeuille): Lien


Ill. : ‘‘Trop de phyto tue le coquelicot’’. Coll. Part. (2020).


par Vincent Boisseau 3 mars 2025
Depuis le jeudi 27 février, l'outil O2S d'HARVEST est bloqué suite à une cyberattaque. L'information est officielle depuis le vendredi 28 février. A ce jour , lundi 3 mars, l'outil n'est pas rétabli. A ce jour, aucun élément n'indique qu'il y a eu fuite de données. CONSTATS & ANALYSES Suite à la cyberattaque d’HARVEST, il y a des obligations CNIL à faire en tant que vous Responsable des Traitements et HARVEST sous-traitant. D'autant qu'O2S contient une quantité astronomique de Données à Caractère Personnel sur les clients : adresse, mail, téléphone, RIB, patrimoine, CNI, peut-être données médicales...bref, c'est énorme. Donc il y a effectivement des choses à faire. Voici le lien vers la CNIL qui traite des violations de données personnelles : https://www.cnil.fr/fr/notifier-une-violation-de-donnees-personnelles En effet notre analyse est: qu’il y a eu une violation de données du fait d’un cas cité : perte de disponibilité , d’intégrité ou de confidentialité de données personnelles, de manière accidentelle ou illicite) En revanche on ne sait pas encore s’il y a eu fuite de données, LE DISPOSITIF d'HARVEST Voici les informations reçues par un CGP, en juillet 2024, sur le dispositif HARVEST : plutôt sérieux. "Sécurité physique : Les serveurs sont hébergés dans un Datacenter Interxion dans l’UE. Le Datacenter a de nombreuses certifications : ISO 14001:2004, ISO 27001 & ISO 22301, ISO 50001:2011, OHSAS 18001, ITIL V3 ,PCI-DSS, HDS (Hébergeur Données Santé). Les infrastructures sont monitorées 24h/24 et 7h/7. Les baies hébergeant les systèmes sont fermées à clé, seul le personnel habilité a accès aux baies : Notre sous-traitant (Waycom) pour la mise à disposition et la supervision des infrastructures d’hébergement travaillant pour le compte d’Harvest (hors baies privées dédiées dont l’accès est géré uniquement par Harvest) Les membres habilités de la DSI Harvest. Les grappes de disques ainsi que les alimentations sont redondées (ainsi que tous les éléments critiques physiques du Datacenter : réseaux internet, réseaux électriques, etc…). Sécurité logique : Les données de production sont accessibles uniquement par un nombre de personnes restreint, défini en accord avec le comité des risques d’Harvest. En aucun cas nos sous-traitants ont accès aux données applicatives. L’accès est basé sur une authentification : compte / mot de passe. Les droits et habilitations sont donnés selon le profil de l’utilisateur. Les flux sont chiffrés (HTTPS). Les données des applications répliquées en continue sur un serveur de secours local et sauvegardées sur un serveur de sauvegarde distant. Les opérations effectuées sur les serveurs sont journalisées. Les serveurs sont mis à jour régulièrement et possèdent un antivirus à jour. Des tests de vulnérabilité sont effectués périodiquement et donnent lieu, si nécessaire, à des plans de remédiation. Réglementaire : Dans le cadre de la réglementation européenne RGPD, un registre des traitements a été créé, il est maintenu par le DPO (Data Protection Officer) d’Harvest. Plan de continuité (PUPA), dans ce cadre Harvest : Dispose d’une procédure de gestion et d’escalade des incidents. A mis en place un comité des risques et est accompagné par un cabinet d’audit externe Activation de la cellule de crise en cas de problème majeurRéalise des évolutions régulières sur l’infrastructure matérielle et logicielle de ses environnements pour améliorer en permanence les performances et la sécurité " QUE FAUT IL FAIRE en interne ? La violation de données et la cyberattaque ne concernent pas VOS systèmes mais ceux d'un sous-traitant. Donc pas de panique. Quand on lit les instructions CNIL, dans cette configuration, il faut documenter la violation de données en interne. QUE FAUT IL FAIRE vis à vis de la CNIL? Là l'instruction est claire : il faut notifier l’incident à la CNIL dans les 72 heures (donc aujourd'hui pour ceux qui ne l'ont pas faite). Pour ce faire, la CNIL vous accompagne : compléter le document préparatoire (aide au remplissage) : https://www.cnil.fr/sites/cnil/files/2023-07/trame_des_notifications_de_violations_de_donnees_0.odt puis faite la notification en ligne : https://notifications.cnil.fr/notifications/ QUE FAUT IL FAIRE vis à vis de vos clients ? Ne faites rien pour le moment ! Il faut prévenir les clients si la fuite de données est avérée. En effet, la CNIL précise : en cas de doute sur l’incidence de la fuite de données personnelles concernant la vie privée des personnes concernées (c’est le cas à ce jour car nous ne savons pas s’il y a eu fuite ou non de données), notifiez à la CNIL qui vous indiquera s’il est nécessaire d’informer les personnes. Voilà Croisons les doigts pour que vous puissiez rapidement travailler et que les données des clients ne fuitent pas.!
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