Comme chaque année, France Invest et l’AFG publient les résultats de l’enquête annuelle sur les levées de capitaux par les FCPI et les FIP. Après des années de hausse constante, 2018 révèle-t-elle … la fragilité du modèle ?
Une très forte baisse de la collecte en 2018
44 fonds ont levé en 2018 (68 en 2017, et 123 en 2011) pour une collecte de 355 M EUR (1 084 M en 2017 !) : 67 % de baisse en un an, après une année 2017 qui rattrapait enfin les niveaux de collecte observés en 2008, le ‘‘pic’’ historique des collectes récentes.
Tendance identique pour le nombre de souscripteurs (57 000 contre 137 000 en 2017) et le montant moyen des fonds : 5.9 M EUR pour les FIP, 11M EUR pour les FCPI tandis que les montants moyens par souscripteur diminuent également (6 400 et 6100 euros respectivement).
Des répartitions sectorielles et géographiques inchangées
Comme les autres années, les levées de fonds se répartissent en parts assez proches entre FCPI (59 %) et FIP (41 %), l’écart se creusant tout de même un peu.
Peu de changement également du côté de l’actif avec prédominance des secteurs de l’informatique / numérique, des biotechs / médical, l’énergie … Le secteur des ‘‘Télécoms et communication’’ perd un peu de terrain. Les régions cibles sont connues : Ile de France, Auvergne-Rhône-Alpes, Centre, Bourgogne Franche Comté, PACA ….
Les raisons du recul …
Les raisons de ce que nous appellerions volontiers un désastre, en d’autres circonstances, sont connues. L’effet de base joue dans la construction même des tendances entre 2017 et 2018, l’année 2017 ayant été une (très) belle année de collecte, favorisée par des effets d’aubaine sur la fiscalité du patrimoine (mise en place de l’IFI et d’une possibilité temporaire de défiscalisation). Et la mise en place de la retenue à la source en 2019 a pu jouer le rôle de retardateur dans la réalisation d’investissement par les particuliers. Notons aussi la suppression du dispositif fiscal ISF-PME, tous événements dits ‘‘exceptionnels’’ …
Mais peut-on être optimiste pour l’année en cours, et la suite ?
Pas de quoi être optimiste …
Nous ne le sommes pas trop, et pour plusieurs raisons … Tout d’abord, l’instabilité fiscale, cause majeure de la situation actuelle, peut perdurer encore en 2019. Par ailleurs, les flux perdus ne se rattrapent jamais, tandis que les investissements ‘‘à risque’’ doivent être encouragés chaque année, millésime après millésime. Les FIP et FCPI sont des produits de campagne bien installés maintenant. Mais il faut tout de même les ‘‘vendre’’ chaque année à des investisseurs particuliers peu enclins, culturellement, à la prise de risque (dans le domaine du capital investissement au moins). Tout un effort considérable de pédagogie et d’information des réseaux de prescripteurs, qu’une annonce maladroite ou intempestive peut réduire à néant.
Et tout cela alors que les besoins en capitaux propres des entreprises françaises, PME et ETI, restent considérables, et que le ‘‘fléchage’’ ou ‘‘l’orientation’’ volontariste de l’épargne vers l’investissement productif et l’innovation sont les mantras du discours officiel sur l’épargne et la croissance. Bizarre.
Pour en savoir plus :
Levées de capitaux par les FCPI et les FIP en 2018.
https://www.afg.asso.fr/fip_fcpi_2018/
Photo d’illustration : Edmond Couchot et Michel Bret, ‘‘Les pissenlits (1990-2017)’’, Installation interactive en temps réel. Grand Palais, Paris.