Gouvernance des instruments financiers : une mise en œuvre imparfaite

Jean-Marc Fourré • 7 novembre 2021

L’AMF nous livre le résultat de ses contrôles SPOT sur la mise en œuvre de MIF 2 par les distributeurs, dans le contexte de la gouvernance des instruments financiers.


Une mise en œuvre ‘‘imparfaite’’, semble-t-il.

Ce document se rapproche, à bien des égards, de celui publié par l’AMF en mai 2020 sur la gestion sous mandat, qui concluait lui à une mise en œuvre « perfectible » de la Directive MIF 2.


Voir notre blog : GSM et MIF 2 : une mise en œuvre perfectible selon l'AMF


Les contrôles SPOT sur la gouvernance des produits ont porté sur quatre thèmes principaux :

  • La qualité du dispositif de ‘‘gouvernance’’ des instruments financiers : comités, procédures, processus et contrôles relatifs à la définition des produits, de leur marché cible, de leur stratégie de distribution ainsi que les modalités d’échange entre le ‘‘Distributeur’’ et le ‘‘Producteur’’ des produits, dans la terminologie MIF,
  • La définition et le suivi du marché cible par le Distributeur,
  • La définition et le suivi de la stratégie de distribution, toujours par le Distributeur,
  • Les ventes en dehors du marché cible (le fameux marché cible ‘négatif’’ et la possibilité d’une ‘zone grise’’.

 

Les cibles choisies par l’AMF pour ces contrôles SPOT sont des PSI distributeurs d’instruments financier (OPCVM, FIA, EMTN …) appartenant à des ‘‘groupes’’ ; le Producteur était donc, le plus souvent, une société de gestion interne au groupe.

 

Sur la gouvernance des produits

Pour rappel, les distributeurs doivent se doter d’un dispositif de ‘‘gouvernance Produit’’ leur permettant :a) D’analyser, comprendre et valider les instruments financiers distribués, b) Déterminer le marché cible et le marché cible négatif, c) D’identifier les canaux de distribution pertinents … puis mettre régulièrement à jour tout cela.

 

Comme souvent sur ces aspects d’organisation générale, l’AMF note une bonne formalisation des processus et des procédures, mais aussi des faiblesses dans leur mise en œuvre effective et leur caractère opérationnel. La participation des PSI aux processus ‘‘Groupe’’ est limitée ou ‘‘passive’’, les relations Distributeur / Producteur peu formalisées, la traçabilité de la gouvernance incomplète.

 

L’AMF partage une ‘‘bonne pratique’’ intéressante, en l’établissement d’un rapport annuel ‘‘faisant état des diligences afférentes au dispositif de gouvernance [des produits] de l’entité’’.


Sur la définition et le suivi du marché cible

Pour rappel, le Distributeur doit identifier le marché cible de l’instrument financier. Il peut bien sûr reprendre celui déterminé par le Producteur, mais doit aller plus loin.

 

Là aussi, le résultat des contrôles paraît décevant. La plus souvent, le marché cible proposé par le Producteur est repris sans changement par le Distributeur, qui ne l’enrichit nullement de ses propres analyses ou particularités, au regard de la population visée. Ou encore, la note de risque (SRI/SRRI) n’est pas utilisée dans la formalisation du marché cible. Plus subtile (trop, peut-être ?) est la distinction insuffisante faite par les PSI du panel entre la connaissance et l’expérience du client, deux critères nettement différenciés dans l’approche MIF 2.

 

Sur ce thème, l’AMF propose une ‘‘mauvaise pratique’’ que nous transformons aussitôt en ‘‘bonne pratique’’ : (ne pas) tenir compte des réclamations des clients dans le réexamen des marchés cibles.


Sur la stratégie de distribution

Pour rappel, la stratégie de distribution doit être compatible avec le marché cible. Sur ce thème, l’AMF rappelle qu’une bonne pratique consiste pour un Distributeur à associer sous le vocable ‘‘stratégie de distribution’’ : le service d’investissement impliqué, le canal de distribution privilégié et les catégories de conseillers habilités à commercialiser l’instrument financier.


Sur les ventes en dehors du marché cible

Pour rappel, le Distributeur doit définir le marché cible négatif (le ou les groupes de clients pour lesquels l’instrument financier – ou le service d’investissement - ne convient pas), tenir compte du marché cible ‘‘théorique’’ défini par le Producteur, voire définir un marché cible ‘‘négatif’’ par défaut, et le cas échéant faire une distinction entre les ventes réalisées hors marché cible (la ‘‘zone grise’’) de celles réalisées dans le marché cible négatif.

 

Sur tous ces points, la confusion semble régner puisque rares sont les PSI qui paraissent appliquer (comprendre ?) correctement la réglementation. L’AMF aide peu toutefois, et ne livre que la bonne pratique consistant à informer le client qu’une recommandation lui a été adressée sur un instrument financier dont une des caractéristiques entraîne sa catégorisation (celle du client) dans le marché cible négatif. Quoique judicieuse, cette bonne pratique nous paraît susceptible d’entraîner plus de confusion encore, tant chez le Distributeur que chez le client.

 

Problématique, (re)dirons-nous.


Pour en savoir plus, cf. la synthèse des contrôles SPOT sur la gouvernance des instruments financiers.

Synthèse des contrôles SPOT : Gouvernance des instruments financiers

MOTS-CLES

MIF 2, Gouvernance Instruments Financiers, SPOT

 

 

Créée en 2008, OPADEO CONSEIL accompagne les acteurs de l’Epargne (CIF, CGP, IAS, Family Office, associations professionnelles…) et de la Finance (SGP, EI) sur la réglementation AMF et ACPR dans des missions de contrôles (RCCI, RCSI, Contrôle périodique…), d’agrément, d’organisation, de stratégie et de formation.

 

Créée en 2019, l’association ICCI a pour vocation de regrouper les intervenants indépendants et externalisés de la conformité et du contrôle interne qui exercent dans le cadre de la réglementation AMF ACPR : RCCI, RCSI, contrôleurs internes ...

 

crédit photo : PXHERE https://pxhere.com/fr/photo/456966

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Depuis le jeudi 27 février, l'outil O2S d'HARVEST est bloqué suite à une cyberattaque. L'information est officielle depuis le vendredi 28 février. A ce jour , lundi 3 mars, l'outil n'est pas rétabli. A ce jour, aucun élément n'indique qu'il y a eu fuite de données. CONSTATS & ANALYSES Suite à la cyberattaque d’HARVEST, il y a des obligations CNIL à faire en tant que vous Responsable des Traitements et HARVEST sous-traitant. D'autant qu'O2S contient une quantité astronomique de Données à Caractère Personnel sur les clients : adresse, mail, téléphone, RIB, patrimoine, CNI, peut-être données médicales...bref, c'est énorme. Donc il y a effectivement des choses à faire. Voici le lien vers la CNIL qui traite des violations de données personnelles : https://www.cnil.fr/fr/notifier-une-violation-de-donnees-personnelles En effet notre analyse est: qu’il y a eu une violation de données du fait d’un cas cité : perte de disponibilité , d’intégrité ou de confidentialité de données personnelles, de manière accidentelle ou illicite) En revanche on ne sait pas encore s’il y a eu fuite de données, LE DISPOSITIF d'HARVEST Voici les informations reçues par un CGP, en juillet 2024, sur le dispositif HARVEST : plutôt sérieux. "Sécurité physique : Les serveurs sont hébergés dans un Datacenter Interxion dans l’UE. Le Datacenter a de nombreuses certifications : ISO 14001:2004, ISO 27001 & ISO 22301, ISO 50001:2011, OHSAS 18001, ITIL V3 ,PCI-DSS, HDS (Hébergeur Données Santé). Les infrastructures sont monitorées 24h/24 et 7h/7. Les baies hébergeant les systèmes sont fermées à clé, seul le personnel habilité a accès aux baies : Notre sous-traitant (Waycom) pour la mise à disposition et la supervision des infrastructures d’hébergement travaillant pour le compte d’Harvest (hors baies privées dédiées dont l’accès est géré uniquement par Harvest) Les membres habilités de la DSI Harvest. Les grappes de disques ainsi que les alimentations sont redondées (ainsi que tous les éléments critiques physiques du Datacenter : réseaux internet, réseaux électriques, etc…). Sécurité logique : Les données de production sont accessibles uniquement par un nombre de personnes restreint, défini en accord avec le comité des risques d’Harvest. En aucun cas nos sous-traitants ont accès aux données applicatives. L’accès est basé sur une authentification : compte / mot de passe. Les droits et habilitations sont donnés selon le profil de l’utilisateur. Les flux sont chiffrés (HTTPS). Les données des applications répliquées en continue sur un serveur de secours local et sauvegardées sur un serveur de sauvegarde distant. Les opérations effectuées sur les serveurs sont journalisées. Les serveurs sont mis à jour régulièrement et possèdent un antivirus à jour. Des tests de vulnérabilité sont effectués périodiquement et donnent lieu, si nécessaire, à des plans de remédiation. Réglementaire : Dans le cadre de la réglementation européenne RGPD, un registre des traitements a été créé, il est maintenu par le DPO (Data Protection Officer) d’Harvest. Plan de continuité (PUPA), dans ce cadre Harvest : Dispose d’une procédure de gestion et d’escalade des incidents. A mis en place un comité des risques et est accompagné par un cabinet d’audit externe Activation de la cellule de crise en cas de problème majeurRéalise des évolutions régulières sur l’infrastructure matérielle et logicielle de ses environnements pour améliorer en permanence les performances et la sécurité " QUE FAUT IL FAIRE en interne ? La violation de données et la cyberattaque ne concernent pas VOS systèmes mais ceux d'un sous-traitant. Donc pas de panique. Quand on lit les instructions CNIL, dans cette configuration, il faut documenter la violation de données en interne. QUE FAUT IL FAIRE vis à vis de la CNIL? Là l'instruction est claire : il faut notifier l’incident à la CNIL dans les 72 heures (donc aujourd'hui pour ceux qui ne l'ont pas faite). Pour ce faire, la CNIL vous accompagne : compléter le document préparatoire (aide au remplissage) : https://www.cnil.fr/sites/cnil/files/2023-07/trame_des_notifications_de_violations_de_donnees_0.odt puis faite la notification en ligne : https://notifications.cnil.fr/notifications/ QUE FAUT IL FAIRE vis à vis de vos clients ? Ne faites rien pour le moment ! Il faut prévenir les clients si la fuite de données est avérée. En effet, la CNIL précise : en cas de doute sur l’incidence de la fuite de données personnelles concernant la vie privée des personnes concernées (c’est le cas à ce jour car nous ne savons pas s’il y a eu fuite ou non de données), notifiez à la CNIL qui vous indiquera s’il est nécessaire d’informer les personnes. Voilà Croisons les doigts pour que vous puissiez rapidement travailler et que les données des clients ne fuitent pas.!
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