Une étude fouillée de l’institut CSA, en collaboration avec l’AMF sur les placements à formule vient rappeler que si les documents explicatifs remis aux épargnants sont globalement utiles à la compréhension des produits, aucun ne bénéficie d’une lisibilité totale.
L’étude porte sur un échantillon limité, mais représentatif, d’épargnants de profil différents, mis à l’épreuve de la lecture des documents commerciaux proposés par leurs conseillers. Elle cherche à déterminer l’apport effectif de ces documents et à savoir si l’objectif recherché, une appropriation du produit par l’investisseur, est finalement atteint.
Axée sur la compréhension des placements ‘‘à formule’’, l’étude nous dit beaucoup d’autres choses, utiles pour bien d’autres supports d’investissements. Petit tour des enseignements, à l’attention des promoteurs et des conseillers financiers.
Il n’y a pas d’épargnant ‘‘moyen’’
Héros anonyme de la Directive MIF 2, l’épargnant moyen ne semble pas exister. En revanche, l’étude CSA nous décrit l’épargnant ‘‘désimpliqué’’, au niveau de connaissance en matière financière très faible, et qui attend une information digérée, centrée sur les atouts et les faiblesses du produit, et l’épargnant ‘‘volontaire’’, qui recherche une information plus complète et transparente.
Dans les deux cas, non experts, ces deux types d’épargnants n’accèderont pas, malgré leurs efforts, à la compréhension des notions et termes complexes utilisés dans les documents qui leur sont proposés.
Détenir n’est pas comprendre
Autre enseignement de l’étude, la détention d’un placement à formule ne présage pas d’un meilleur niveau d’appropriation.
Souvent proposé dans une démarche en push de la part du conseiller, la détention préalable d’un tel placement, n’est pas synonyme de sa compréhension complète par l’investisseur, qui peine le plus souvent à en restituer les grandes lignes.
Des documents souvent peu lisibles, rarement intelligibles.
Sur le sujet de la lisibilité et de l’intelligibilité des documents commerciaux proposés, l’étude est assez inquiétante. Aucun document testé ne permet une compréhension complète des notions les plus techniques par le panel d’investisseurs. Les investisseurs ‘‘désimpliqués’’ – et sans doute pas seulement eux, sont maintenus à distance par des termes jugés abscons, des documents trop longs, denses, redondants, une mise en forme parfois ‘‘repoussoir’’ etc.
Des illustrations trompeuses ?
Yachts de luxe, soleils couchants, sommets enneigés. « Quel rapport avec le CAC ? », se demandent nos sages épargnants.
Les bonnes pratiques à l’attention des promoteurs … et des conseillers.
A l’attention des premiers, CSA rappelle le bénéfice de documents aérés, mis en forme et complétés d’illustrations à caractère pédagogiques (tableaux, schémas, FAQ …), écrits dans une logique tournée vers l‘épargnant.
A l’attention des conseillers, CSA et OPADEO préconisent :
L’explicitation des abréviations, sigles, termes techniques … pourquoi pas au moyen d’un glossaire / lexique, mis à la disposition des investisseurs,
La mise en évidence des caractéristiques clés du produit, dans la logique de l’investisseur cible : liquidité, sortie avant échéance, variation brutale des marchés … : que se passe-t-il si ?
Une mise en perspective du produit et de son sous-jacent (simulations futures du produit, mais aussi explicitation du passé récent, ou plus ancien de l’indice sous-jacent, par exemple),
Une attention particulière portée à la présentation des frais du produit, bien sûr.
Pour en savoir plus :
07/11/2018 : Etude AMF – CSA sur la lisibilité et l’appropriation par les épargnants de la documentation des placements à formule
Ill. : Placement ‘‘à formules’’