Avec un peu d'avance, la sanction de Noël … (Première partie)

Jean-Marc Fourré • 14 décembre 2021

Chaque fin d'année nous sélectionnons pour vous la ''sanction de Noël''(cf notre blog du 19 janvier 2021 : La sanction de Noël : une marque de passage toujours significative (Janvier 2021))

Pour 2021, partageons ensemble les enseignements d'une sanction toute récente d'un CIF pour, entre autres, les habituels manquements à la formalisation de la relation client, l'identification incomplète des conflits d'intérêts, l'absence de conseil ''dans la durée" en contrepartie d'une rémunération annuelle etc., et d'autres … un peu plus graves.

Là encore, la diversité des thèmes abordés dans le document proposé par l'AMF offre un bon récapitulatif des obligations réglementaires auxquelles sont soumis les conseillers en investissements financiers (CIF) et la meilleure manière d'y répondre.

Comme souvent, la richesse même du document nous empêche de passer en revue tous les thèmes abordés. Nous en avons donc sélectionné quelques-uns (les n° renvoient aux paragraphes du texte de la sanction), que nous aborderons via deux blogs.


Commercialisation à des clients non professionnels d'un produit réservé à des investisseurs professionnels


Même si le grief apparaît assez tard dans le compte-rendu de l'AMF (§ 42 et suiv.), une telle commercialisation porte en germe les manquements à la réglementation observés par l'AMF, en particulier celui concernant la non adéquation du produit au profil de l'investisseur.

Rappelons donc la règle absolue de réserver la présentation, le conseil ou la commercialisation des produits réservés aux investisseurs professionnels à cette catégorie d'investisseurs exclusivement.

Rappelons aussi que la catégorisation des clients, à l'aide ou non d'un questionnaire de connaissance client, est réservée aux prestataires de services d'investissement ("PSI"), et que les CIF ne peuvent donc pas mettre en place une telle catégorisation, ni de ce fait, mettre en œuvre la procédure de renonciation (§ 45).


Absence d'adéquation des produits conseillés aux profils des clients


On comprend que sur cette base, il est peu probable que l'AMF considère que le produit conseillé par le CIF soit adapté à la situation de son client (§ 22 et suiv.). En outre, l'AMF relève que "le risque de perte totale en capital" supporté par l'investisseur ne correspond pas aux profils de risque établis par le CIF, par ex. : "Equilibré" ou "Conservateur" (§ 22). Même si, à notre sens, un profil de risque "Equilibré" peut permettre une proportion (limitée) de produits comportant un risque de perte (limité) en capital, les instruments financiers conseillés dans le cas d'espèces sortent nettement de ce cadre et l'AMF relève fort justement le défaut d'adéquation entre le profil du client dûment analysé par le conseiller et le conseil qui lui est fourni.

Sur ce thème, précisons que le faible nombre relatif des dossiers clients pour lesquels le défaut d'adéquation a été retenu est sans conséquence sur la caractérisation du grief (§ 41 et 46).


Absence de présentation des risques des produits conseillés dans les rapports écrits


Dans la même veine, l'AMF a beau jeu de repérer les lacunes dans l'information fournie aux clients en ce qui concerne les risques des produits conseillés (§ 47 et suiv.). Même si nous ne suivons pas toujours l'AMF sur certains des arguments avancés, notons les éléments habituels sur le thème de la présentation des caractéristiques des produits conseillés :

-       Présentation équilibrée des avantages et des inconvénients, des risques et du rendement

-       En particulier, le risque de "perte totale en capital", qui contraindra fortement le marché cible du produit (§ 20)

-       Utilisation d'une police de caractère identique pour le rendement et les risques (§ 47 et 56)

-       Equilibre numérique entre les mentions relatives aux risques et celles relatives aux avantages (§ 57)

-       Et surtout : analyse de chacun de ces points document par document, et non par appréciation globale de l'ensemble de la documentation fournie au client.

Rappelons donc encore une fois ce point critique rappelé par l'AMF : "pour apprécier la qualité de l'information transmise […], il convient d'analyser les différents supports d'information indépendamment les uns des autres" (§ 54).


Absence d'établissement des documents réglementaires CIF


Sur un plan plus formel, notons rapidement les griefs formulés par l'AMF sur l'absence, ou les insuffisances, de la formalisation documentaire du parcours client. Nous avons très souvent abordé ce point, rappelons donc brièvement ici le triptyque fondamental "DER" / "LDM" / "REC" de la relation entre le CIF et son client (§ 1 à 16) :

-       DER : Document d'entrée en relation, signé dès que possible lors de l'entrée en relation, pour informer le client sur le CIF, ses statuts, ses services, ses modalités de fonctionnement …

-       LDM : Lettre de mission, détaillée et circonstanciée, signée avant la mise en œuvre de la mission, pour définir, encadrer, préciser … cette mission

-       REC : Rapport écrit de conseil, ou maintenant : "Rapport d'adéquation", signé en fin de mission, pour présenter le résultat des travaux d'analyse et de conseil menés par le CIF.

Nous ne reviendrons pas sur le contenu et les modalités d'utilisation de ces documents, souvent abordés dans ce blog.

Nous aborderons dans le prochain blog les autres éléments clés de cette sanction :

-       La rémunération du CIF et le traitement des conflits d'intérêts

-       L'absence d'amélioration du service de conseil au client dans la durée

-       La non communication au client d'informations financières importantes

-       Le sujet du placement non garanti

-       Le dispositif LCB-FT et l'obligation d'identification de l'origine des fonds


LIRE LA 2eme PARTIE de notre commentaire sur cette sanction "riche"


Pour en savoir plus : nous contacter.


Lire le texte de la sanction : AMF - SAN 2021 - 16


Créée en 2008, OPADEO CONSEIL accompagne les acteurs de l’Epargne (CIF, CGP, IAS, Family Office, associations professionnelles…) et de la Finance (SGP, EI) sur la réglementation AMF et ACPR dans des missions de contrôles (RCCI, RCSI, Contrôle périodique…), d’agrément, d’organisation, de stratégie et de formation.

 

Créée en 2019, l’association ICCI a pour vocation de regrouper les intervenants indépendants et externalisés de la conformité et du contrôle interne qui exercent dans le cadre de la réglementation AMF ACPR : RCCI, RCSI, contrôleurs internes ...



par Vincent Boisseau 3 mars 2025
Depuis le jeudi 27 février, l'outil O2S d'HARVEST est bloqué suite à une cyberattaque. L'information est officielle depuis le vendredi 28 février. A ce jour , lundi 3 mars, l'outil n'est pas rétabli. A ce jour, aucun élément n'indique qu'il y a eu fuite de données. CONSTATS & ANALYSES Suite à la cyberattaque d’HARVEST, il y a des obligations CNIL à faire en tant que vous Responsable des Traitements et HARVEST sous-traitant. D'autant qu'O2S contient une quantité astronomique de Données à Caractère Personnel sur les clients : adresse, mail, téléphone, RIB, patrimoine, CNI, peut-être données médicales...bref, c'est énorme. Donc il y a effectivement des choses à faire. Voici le lien vers la CNIL qui traite des violations de données personnelles : https://www.cnil.fr/fr/notifier-une-violation-de-donnees-personnelles En effet notre analyse est: qu’il y a eu une violation de données du fait d’un cas cité : perte de disponibilité , d’intégrité ou de confidentialité de données personnelles, de manière accidentelle ou illicite) En revanche on ne sait pas encore s’il y a eu fuite de données, LE DISPOSITIF d'HARVEST Voici les informations reçues par un CGP, en juillet 2024, sur le dispositif HARVEST : plutôt sérieux. "Sécurité physique : Les serveurs sont hébergés dans un Datacenter Interxion dans l’UE. Le Datacenter a de nombreuses certifications : ISO 14001:2004, ISO 27001 & ISO 22301, ISO 50001:2011, OHSAS 18001, ITIL V3 ,PCI-DSS, HDS (Hébergeur Données Santé). Les infrastructures sont monitorées 24h/24 et 7h/7. Les baies hébergeant les systèmes sont fermées à clé, seul le personnel habilité a accès aux baies : Notre sous-traitant (Waycom) pour la mise à disposition et la supervision des infrastructures d’hébergement travaillant pour le compte d’Harvest (hors baies privées dédiées dont l’accès est géré uniquement par Harvest) Les membres habilités de la DSI Harvest. Les grappes de disques ainsi que les alimentations sont redondées (ainsi que tous les éléments critiques physiques du Datacenter : réseaux internet, réseaux électriques, etc…). Sécurité logique : Les données de production sont accessibles uniquement par un nombre de personnes restreint, défini en accord avec le comité des risques d’Harvest. En aucun cas nos sous-traitants ont accès aux données applicatives. L’accès est basé sur une authentification : compte / mot de passe. Les droits et habilitations sont donnés selon le profil de l’utilisateur. Les flux sont chiffrés (HTTPS). Les données des applications répliquées en continue sur un serveur de secours local et sauvegardées sur un serveur de sauvegarde distant. Les opérations effectuées sur les serveurs sont journalisées. Les serveurs sont mis à jour régulièrement et possèdent un antivirus à jour. Des tests de vulnérabilité sont effectués périodiquement et donnent lieu, si nécessaire, à des plans de remédiation. Réglementaire : Dans le cadre de la réglementation européenne RGPD, un registre des traitements a été créé, il est maintenu par le DPO (Data Protection Officer) d’Harvest. Plan de continuité (PUPA), dans ce cadre Harvest : Dispose d’une procédure de gestion et d’escalade des incidents. A mis en place un comité des risques et est accompagné par un cabinet d’audit externe Activation de la cellule de crise en cas de problème majeurRéalise des évolutions régulières sur l’infrastructure matérielle et logicielle de ses environnements pour améliorer en permanence les performances et la sécurité " QUE FAUT IL FAIRE en interne ? La violation de données et la cyberattaque ne concernent pas VOS systèmes mais ceux d'un sous-traitant. Donc pas de panique. Quand on lit les instructions CNIL, dans cette configuration, il faut documenter la violation de données en interne. QUE FAUT IL FAIRE vis à vis de la CNIL? Là l'instruction est claire : il faut notifier l’incident à la CNIL dans les 72 heures (donc aujourd'hui pour ceux qui ne l'ont pas faite). Pour ce faire, la CNIL vous accompagne : compléter le document préparatoire (aide au remplissage) : https://www.cnil.fr/sites/cnil/files/2023-07/trame_des_notifications_de_violations_de_donnees_0.odt puis faite la notification en ligne : https://notifications.cnil.fr/notifications/ QUE FAUT IL FAIRE vis à vis de vos clients ? Ne faites rien pour le moment ! Il faut prévenir les clients si la fuite de données est avérée. En effet, la CNIL précise : en cas de doute sur l’incidence de la fuite de données personnelles concernant la vie privée des personnes concernées (c’est le cas à ce jour car nous ne savons pas s’il y a eu fuite ou non de données), notifiez à la CNIL qui vous indiquera s’il est nécessaire d’informer les personnes. Voilà Croisons les doigts pour que vous puissiez rapidement travailler et que les données des clients ne fuitent pas.!
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