Après celle sur placements ‘‘à formule’’ (
voir notre blog de 2018), la nouvelle étude de l’institut CSA, en collaboration avec l’AMF, s’intéresse cette fois à la compréhension par les épargnants des frais liés aux placements financiers.
L’étude qualitative porte sur un tout petit échantillon d’investisseurs, soumis à l’épreuve de la prise de connaissance des frais liés aux placements financiers tels que présentés dans les supports habituels, à savoir :
- Les conditions tarifaires de l’établissement financier
- Le DICI ou le DIC PRIIPS du placement financier
- Le règlement ou le prospectus du placement financier
- Le récapitulatif des frais.
L’étude cherche à déterminer l’apport effectif de ces documents et à savoir si l’objectif recherché, une appropriation concrète des frais par notre investisseur ‘‘lambda’’, est finalement atteint.
Une connaissance a priori des frais liés aux placements financiers plutôt nébuleuseL’étude semble montrer tout d’abord que l’investisseur connaît a priori l’existence de frais liés aux placements financiers, mais sans pouvoir spontanément évaluer leur impact sur le rendement de ceux-ci. D’où, logiquement, une demande d’explication et de clarification envers le professionnel.
Des brochures explicatives claires, mais incomplètes et difficilement activablesLe premier élément d’information présenté à notre investisseur lambda est la brochure de la banque sur ses conditions tarifaires. L’information semble claire et accessible. Elle ne rebute pas le lecteur, même si elle paraît incomplète aux plus avisés. Elle reste assez générique : il paraît difficile de projeter les frais présentés sur la brochure sur les placements effectifs de l’investisseur. Mais cela reste une très bonne entrée en matière.
DICI et DIC PRIIPS : il reste des zones d’ombreL’accueil réservé par les investisseurs aux documents DICI et DIC PRIIPS est plus difficile à synthétiser.
Les investisseurs apprécient la clarté des documents, le souci de pédagogie, de synthèse, de transparence, et même de neutralité. Deux limites, parmi d’autres, transparaissent toutefois assez clairement :
- Les coûts totaux le sont-ils vraiment ? La crainte de ‘‘coûts cachés’’ reste présente dans l’esprit des investisseurs.
- L’interprétation des scénarios de performance, et leur lien avec les coûts et les frais.
Au total, DIC et DICI PRIIPS ne semblent pas rassurer totalement les investisseurs, même s’ils les informent et les aident dans leur prise de décision.
Les réglements et prospectus : là, cela coince vraimentLe résultat de l’étude du CSA est ici sans ambigüité : la valeur ajoutée de ces documents paraît très faible, voire nulle, à nos investisseurs cobaye (à l’exception du plus expert). La volonté (ou l’obligation) de précision, d’exhaustivité et de transparence en fait des documents quasiment ‘‘indéchiffrables sans l’accompagnement d’un professionnel’’, tant sur le fond (contenu très vaste, dense, notions utilisées souvent complexes) que la forme (absence de sommaire, jargon financier).
Le récapitulatif des fraisLes documents récapitulatifs des coûts et de frais ex post sont bien accueillis par les investisseurs. Sous réserve de l’utilisation de termes parfois peu explicites (‘‘ODB’’, ‘‘TTF’’, ‘‘droit de timbre’’, ‘‘assiette’’), ou de présentations un peu confuses, ces documents renseignent in fine plutôt bien les investisseurs.
Une mention particulière à la présentation de type ‘‘facture’’ qui, reprenant les codes habituels de ces documents, paraît plus accessible aux investisseurs. Sans les rassurer tout à fait, quand ils lisent que tout cela s’entend ‘‘sauf erreur ou omission’’.
En guise de conclusionComme pour de nombreux autres caractéristiques (stratégie d’investissement, couple rendement / risque, liquidité …), l’appui d’un professionnel paraît indispensable pour une bonne compréhension des coûts et des frais des placements financiers par un investisseur ‘‘lambda’’. A charge pour le conseiller de bien connaître lui-même la nature, les caractéristiques, les modalités de calcul, les bénéficiaires etc. de tous ces frais, et de savoir les expliquer de manière pédagogique à son client.
Client qui devra pour sa part faire preuve de vigilance et consentir à un effort d’attention certain, quelque soit le produit qui lui est présenté.
Pour en savoir plus :Etude CSA pour l'AMF : la lisibilité de l'information sur les frais liés aux placements financiers